Sortie en librairie du « Voyage au pays des Ouïghours »

couvertureouighoursface.1274037471.jpgDepuis le temps que je vous parle des Ouïghours, voici enfin le livre que je leur ai consacré, paru aux Editions Cartouche…

 » Voyage au pays des Ouïghours  » sort en librairie le 21 mai 2010.

Les illustrations sont d’Alisher Alikulov, célèbre peintre d’Ouzbékistan.

A cette occasion, je vous propose quelques rencontres :

Signature du livre mardi 18 mai de 18h00 à 19h30 chez Mohanjeet, 21 rue Saint-Sulpice, Paris 6e. Métro Odéon

– Projection documentaire  » Une journaliste chez les Ouïghours du Turkestan chinois  » de l’auteur, organisée par Transboréal / ABM, en présence de l’auteur, suivie d’une signature. Jeudi 20 mai à 20h30, FIAP, 30 rue Cabanis, Paris 14e. Métro Saint-Jacques.

– Projection documentaire  » Voyage en pays ouïghour  » en présence de l’auteur, suivie d’une signature,  à la Maison d’Europe et d’Orient le 25 mai à 19h00. 3, passage Hennel, Paris 12e – Métro Gare de Lyon, Bastille, Quai de la Rapée ou Reuilly-Diderot.

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« Nous vivons dans un immense camp de concentration à ciel ouvert ! » C’est armée de cette phrase de la célèbre dissidente Rebiya Kadeer que Sylvie Lasserre gagne le Turkestan chinois, le pays des Ouïghours. En reportage avec un visa de tourisme, d’Almaty, au Kazakhstan, à Urumqi en passant par Ghulja, puis d’Urumqi à Kachgar et Turfan, elle parcourt près de 6 000 km en train, en taxi collectif, en triporteur pour se heurter à… un mur de silence.

Un constat : la colonisation han progresse à vive allure jusqu’aux confins de l’Asie centrale. Les rêves d’indépendance ne sont jamais très loin, mais partout l’on se tait. Turkestan – pire « Ouïghouristan » – est un mot qui conduit directement en prison. Pékin a instauré un régime de terreur, les espions sont partout. Une culture millénaire est menacée de disparition et ne laissera bientôt place qu’à un folklore fossilisé pour touristes.
Tout au long de son voyage, Sylvie Lasserre est frappée par l’absence de sourires, la tristesse des visages, si gais d’habitude en Asie centrale. Au Turkestan chinois, la joie s’en est allée. Beaucoup rêvent de partir à l’étranger : « Ici nous n’avons aucun avenir. » Mais les passeports des Ouïghours ont été confisqués. Autre fait marquant : l’ignorance dans laquelle Pékin maintient ce peuple, par un contrôle efficace des médias. « Tout ce que l’on sait, c’est par vous, les étrangers, qu’on l’apprend. »
Partie en quête de témoignages et de faits précis, l’auteur, qui a le plus grand mal à délier les langues, poursuit ses recherches sur les traditions et l’histoire : sur les traces du premier royaume ouïghour à Kara Balgassoun, située dans l’actuelle Mongolie, puis des momies du Taklamakan vieilles de quatre millénaires, au cirque du célèbre funambule Adil Hoshur, en passant par la maison d’un chamane qui n’a plus le droit d’exercer, sans oublier, à Kashgar, le fameux samâ – ronde des hommes au lendemain de la fin du ramadan – et le quartier transformé en « Ouïghourland », ainsi que les mausolées des saints soufis de la région… Mais partout, ce sera le silence. Le reste, elle l’approfondira en Occident à son retour.
À l’issue de ce voyage, le choix entre journalisme et militantisme s’avère difficile. À la suite des événements sanglants de l’été 2009 survenus à Urumqi, Sylvie Lasserre opte pour le militantisme, mettant en veille son activité professionnelle pour une dizaine de mois afin de mieux se consacrer à ce peuple oublié du reste du monde. Au point que Rebiya Kadeer, qu’elle rencontre à plusieurs reprises, lui propose d’occuper une fonction au sein du World Uyghur Congress.

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Photo : Sylvie Lasserre et Rebiya Kadeer, présidente du World Uyghur Congress (Genève).

L’auteur

Sylvie Lasserre est reporter, éditrice et photographe, passionnée par l’Asie centrale et les peuples turciques. Elle est l’auteur d’une soixantaine d’articles et reportages sur l’Asie centrale principalement, dont une vingtaine sur les Ouïghours, de reportages radio (Radio Suisse Romande) et de plusieurs expositions photographiques. Née à Meknès au Maroc, docteur en physique diplomée de la Faculté des sciences d’Orsay et du Politecnico de Milan, elle abandonne en 2004 la carrière d’ingénieur qu’elle mène depuis treize ans pour se consacrer au journalisme, ce qui l’amène à collaborer avec la presse française et internationale (Le Monde 2, Le Soir, Le Temps, Die Welt, La Stampa, Courrier international, Elle, Marie Claire international, L’Actualité, L’Hebdo, Cosmopolitan, La Presse, Le Monde, Libération, L’Express Mag, Internazionale, The Guardian…).

En 2008, elle devient membre de la Société asiatique et, l’année suivante, à la suite des événements survenus au Xinjiang, se détourne temporairement du journalisme pour se consacrer à la cause ouïghoure et lancer les Éditions d’Asie centrale. Elle anime le blog « Sur les routes d’Asie centrale » et dirige la Maison d’Asie centrale, une association destinée à promouvoir la culture centrasiatique en France, notamment grâce à l’organisation d’événements culturels.

Sylvie Lasserre, qui a vécu en France, Italie et en Belgique, et parle six langues, partage aujourd’hui son temps entre la France, l’Asie centrale et la Turquie.

14 réflexions sur “Sortie en librairie du « Voyage au pays des Ouïghours »

  1. Beaucoup de personnes devraient lire ce livre et quand les dirigeants de certains pays se plient devant les dirigeant chinois , ils ne doivent pas oublier que des milliers d’ouïghours sont morts sous les coups de la police et de l’armée chinoise.
    Mais il semble , que le sang des ouïghours les laissent indifférent.

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  2. C’est vrai que c’est de l’auto-publicité, mais on ne peut soupçonner quelqu’un qui écrit sur les Ouïghours d’avoir des motivations mercantiles ! Mme Lasserre veut peut-être tout simplement faire passer un message. Ces malheureux Ouïghours, sans doute parce qu’ils sont musulmans, font moins recette que les Tibétains et leur médiatique chef spirituel dans la catégorie « victimes de l’impérialisme chinois ». Rappelons nous que, à des niveaux très élevés de l’État, il est arrivé qu’on les confonde avec des yogourts…

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  3. Merci à vous tous. Je dois dire que certains commentaires sur ce blog sont assez stupéfiants… Cela me donne envie de citer ce proverbe chinois :  » Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.  » 🙂

    Une petite remise au point quand même, car cela ne semble pas clair pour tous les lecteurs de ce blog :

    Je tiens ce blog de manière totalement bénévole, ne suis absolument pas rémunérée par Le Monde pour cela et suis entièrement libre de ma ligne éditoriale. Par ailleurs, concernant cette « auto-publicité « , pourquoi m’en priverais-je ? J’en fais pour d’autres lorsque je juge que cela coïncide justement avec MA ligne éditoriale, pourquoi n’en ferais-je pas pour cet ouvrage ?

    Concernant mes motivations mercantiles, je suis bien la dernière à qui l’on puisse reprocher cela. Je me suis en effet consacrée pendant un an aux Ouïghours et à faire entendre leur voix, mettant en veille mon activité journalistique professionnelle et m’abstenant de tout salaire pendant un an.

    Alors en effet, je n’ai aucun scrupule à me faire de la publicité. 🙂

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  4. Bonjour,
    J’ai acheté le livre aujourd’hui, j’ai hâte de le lire. J’adore le Xinjiang que je connais très bien.
    Votre militantisme est très louable, chapeau ! Je crains en revanche que vous risquez d’essuyer des refus de visas Chinois à l’avenir….
    Ceci dit, heureusement qu’il y a des gens comme vous pour communiquer de la sorte sur les nombreux problèmes des Ouigours.
    Surtout continuez ce blog pour tous les passionnés d’Asie centrale.
    Cordialement,
    Olivier

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  5. Je soupconne certain aigris de faire la chasse aux blogs ou l’auteur(e) distribue de la bonne humeur ou ouvre les horizons (ca les enervent). Sinon poterie, couture, c’est pas mal comme activite de remplacement et tt a fait inofensif.

    La redactrice a un joli Sourire 🙂

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  6. Bonjour,
    Je pars cet été découvrir le Xinjiang pour la première fois, et votre blog est une excellente source d’informations.
    Concernant le bouquin, j’irai l’acheter et j’espère qu’il me donnera un éclairage supplémentaire et quelques clés pour comprendre davantage l’histoire et la vie actuelle de ce peuple.

    Merci pour votre passion.

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  7. « Il vaut mieux ne pas répondre aux imbéciles », me répétait toujours ma grand-mère. Les lecteurs de commentaires comprendront. Je viens de découvrir ce blog qui est d’une exigence et d’une qualité rare. Un véritable engagement humain – politique au sens noble – une ouverture à d’autres cultures de notre grande famille humaine.
    Merci

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  8. Plus le temps passe et plus l’actualité m’ennuie… Je ne lis pas la presse, ne regarde pas la télévision et les caquetages radiophoniques, lorsqu’ils viennent saboter la magie du matin naissant, m’insupportent au plus haut point. Fervent adepte de la transposition –romanesque ou poétique-, je n’étais donc pas, loin s’en faut, le passager idéal pour ce Voyage au Pays des Ouïghours !

    Mes préventions sont vite tombées et je me suis laissé transporter avec un réel plaisir dans ce récit.

    Ce que j’ai aimé : l’auteur, d’abord. Car un récit de voyage constitue avant tout l’autoportrait d’un voyageur et s’il advient que celui-ci vous est antipathique, vous n’irez pas bien loin ! Ici, la voyageuse ne triche pas. Elle se livre, avec ses émotions, ses craintes, ses enchantements, ses désillusions, ses agacements. Aucun a priori fondateur. Sylvie Lasserre part de zéro ! Au fil des pages, c’est moins une journaliste que l’on suit, qu’une femme, décrivant simplement ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent.

    Le début du récit, relatant les manifestations de Paris en juillet 2009, m’est apparu comme un précieux témoignage sur l’engagement d’une petite française pour une grande cause la dépassant de plusieurs centaines de milliers de têtes… de dragons. Un engagement dont on suit le lent cheminement et qui paradoxalement ne vient jamais compromettre la distance, le recul sans lesquels il ne saurait y avoir de grand-reportage.

    On chercherait en vain une trace de dérapage dans ce livre. L’auteur dénonce avec habileté l’oppression du peuple ouighour par le régime de Pékin, mais c’est son amour des gens qui ressort avant tout. Dès lors, les personnes rencontrées deviennent des personnages, singuliers et donc universels : Dilraba, l’interprète futile et pleutre (elle la hait. On l’adore !), Satar, le prince funambule, ou bien ce baxchi qui initie l’auteur au chamanisme.

    Au cours de ce voyage, le sort terrible de la minorité ouïghoure se lit en creux, dans l’épaisseur des silences imposés.

    En résumé, un vrai voyage dans l’une des trop nombreuses zones d’ombre de l’actualité. Un bel exercice de funambulisme où l’on voit l’auteur gagner en lucidité sans perdre en liberté.

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