Très heureuse que Radio Grand Ciel m’ait consacré une heure dans son émission Clefs en mains :
Rencontre avec la journaliste Sylvie Lasserre – Du Pakistan à la Turquie

Très heureuse que Radio Grand Ciel m’ait consacré une heure dans son émission Clefs en mains :
Quelques unes de mes photos sont en ligne sur le magnifique site de l’Association pour le Rayonnement des Cultures Himalayennes.
Tadjikistan. Après avoir faire cuire au feu la tête et les pattes du mouton sacrifié, une jeune fille gratte les parties brûlées avant de préparer la soupe qui sera servie à l’issue du rituel chamanique. Copyright Sylvie Lasserre
La première fois que j’ai entendu parler de cette soupe, la kalla-pocha, elle était servie à la fin d’un rituel chamanique auquel j’avais assisté au Tadjikistan. Kalla : la tête, pocha : les pattes. De l’animal sacrifié rien ne se perd : la viande est cuite en ragoût, la tête, les pattes et les abats mijotent en soupe, enfin la peau est récupérée par le chamane. La kalla-pocha est bue par les participants à la fin de la cérémonie.
Durant le rituel, la patiente remue la kalla-pocha à l’aide d’une louche. Copyright Sylvie Lasserre
La seconde fois que j’ai entendu parler de cette soupe, c’était en Turquie, sur la côte de la mer Egée. Une vieille voisine enrhumée et alitée me demanda de lui rapporter de la ville une soupe kelle paça, précisant que cela lui redonnerait des forces et l’aiderait à guérir. Et quel ne fut mon étonnement lorsque, descendue en ville, je constatai en effet que de nombreux restaurants vendaient la soupe kelle paça.
Toujours sur la côte égéenne. Récemment, attirée par l’odeur de corne brûlée qui semblait venir de derrière chez moi, je trouvais une voisine accroupie devant un feu qu’elle entretenait. Elle me dit qu’elle préparait une kelle paça. Alors qu’elle grattait les pattes carbonisées d’un mouton, je retrouvai les mêmes gestes que je vis faire par ces femmes au Tadjikistan. Intriguée, je lui demandais quelles étaient les vertus de cette soupe, et elle m’expliqua que c’était bon pour fortifier les os (elle a quatre enfants en bas âge).
Cette soupe semble être parée de toutes les vertus. J’ignore si c’est fondé ou non mais c’est très probable car les peuples türks n’ont pas leurs pareils dans la connaissance des pouvoirs des aliments.
Renseignements pris, on la consomme aussi en Afghanistan où le kalah wa pacha est une soupe nourrissante qui se consomme généralement le matin et qui est très appréciée des travailleurs de force comme les fermiers et les soldats et même des lutteurs.
Lire aussi : How to eat kalah pacha
Musée de Peshawar. Copyright 2010 Sylvie Lasserre
La Lettre du Toit du Monde publiait en juin 2019 un article très complet sur le cheval psychopompe, signé François Pannier, le directeur de l’Association pour le Rayonnement des Cultures Himalayennes (ARCH). En voici un extrait :
« Nous trouvons en effet, à la limite de l’Afghanistan et du Pakistan avec la passe de Khyber, lieu de passage d’importantes invasions, un arc d’ouest en est, avec des traditions extrêmement originales.
Les Kafirs et les Kalash tout d’abord, un peu plus au nord, le site funéraire de Pir Panjal avec ses centaines de cavaliers de pierre, les Dardes du Ladakh aux traditions très proches des Kafirs et des Kalash, leurs origines aryennes semblant communes, l’alignement mégalithique de Do Ring, les bois sculptés de Byash, à l’extrême nord-ouest du Népal, sont autant d’éléments qui nous font penser qu’ils ont grandement influencé ce type de phurbu psychopompe et qu’il faudrait y situer la source de l’utilisation de cet objet. »
Voici le numéro 27 de la lettre du Toit du Monde où figure cet article : Cheval psychopompe et phurbu.
Bonne lecture.
Hindou Kouch. Copyright 2012 Sylvie Lasserre
Une somptueuse exposition, « Fêtes himalayennes, les derniers Kalash« , organisée par les ethnologues spécialistes des Kalash, Jean-Yves et Viviane Lièvre, et par le photographe Hervé Nègre, est à voir à Lyon, au Musée des Confluences. Surtout ne la manquez pas si vous avez l’occasion de passer à Lyon. Elle se termine le 1er décembre 2019.
A écouter : Au fil des saisons kalash
Dossier de presse : dp_kalash
Les Kalash, dernier peuple païen, sont établis dans la région de Chitral au Nord du Pakistan. Ils vivent au rythme des saisons qu’ils fêtent lors de cérémonies spectaculaires, dans trois vallées situées à la frontière avec l’Afghanistan. Le tourisme qui les envahit désormais, ainsi que les conversions à l’islam qui progressent dans leur communauté, menacent leur culture de disparition.
Les Kalash commencent d’ailleurs à se rebiffer contre certains touristes qui se rendent dans les vallées reculées pensant y trouver alcool et femmes faciles : « One video viewed 1.3 million times on YouTube, proclaims the Kalash « openly have sex » with partners of their choosing « in the presence of their husbands ».«
Samedi 30 mars 2019
Faire venir la pluie n’appartient pas qu’aux peuples premiers. Ainsi nous avons vu que faire venir la pluie avec des pierres à pluie est propre au peuple turc (voir post précédent : Pierres à pluie de Yarkand) ; en Australie, les aborigènes appellent cet élément naturel au moyen de prières et de dessins imprimés sur le sable (on peut voir une telle scène dans le documentaire « Le jour où l’homme blanc est venu »). Ailleurs, les chrétiens la convoquent à l’aide de prières, comme par exemple aux Philippines en mars 2019, lorsque l’archevêque de Manille appela les fidèles à prier alors que Manille et ses environs sont privés d’eau lors d’une sécheresse inédite :
Ou encore en France dans les Hautes-Alpes : en décembre 2017, alors qu’il n’avait pas plu depuis six mois, l’évêque de Gap et d’Embrun décida de réagir et d’inviter les chrétiens de son département à trois jours de prières :
Lire aussi : Une prière pour la pluie pour conjurer la sécheresse
Samedi 16 février 2019
Ksenofontov, avocat et ethnologue yakoute, a laissé peu de traces de son passage sur terre entre 1888 et 1938, à part son ouvrage sur le chamanisme de Sibérie : « Les chamanes de Sibérie et leur tradition orale » dans lequel il rapporte de précieux témoignages.
Victime des purges staliniennes, il sera fusillé en 1938.
Je reçois de nombreuses demandes concernant mon livre “Voyage au pays des Ouïghours”.
Malheureusement celui-ci est épuisé et l’éditeur a cessé son activité.
Tout n’est pas perdu : j’envoie la version électronique (PDF) sur demande au même prix que la version papier (15 €).
Contact : sylvielasserre@gmail.com
Mercredi 21 mars 2018
Les peuples d’Asie centrale fêtent aujourd’hui Nowruz, le nouvel an. C’est le jour du printemps, le renouveau de la vie.
A présent cette fête s’exporte en Europe, où les communautés d’Asie centrale organisent des événements festifs. A Paris, on ne compte plus de telles manifestations :
Je dois dire que je suis heureuse que mon initiative de célébrer Nowruz à Paris en 2010 pour la première fois, événement organisé par la Maison d’Asie centrale et accueilli par La Maison d’Europe et d’Orient, ait fait tant d’émules et soit aujourd’hui « institutionnalisée » et suivie depuis par de nombreuses autres organisations.
J’espère seulement que cette fête du printemps ne se transformera pas en une fête commerciale, comme le devint Halloween il y a une trentaine d’année ou encore Noël il y a plus longtemps.