Comment on dîne à Taxila chez le roi de l’Inde

Taxila aujourd’hui, au nord du Pakistan

Au premier siècle après Jésus Christ, le philosophe Apollonius de Tyane visita les Indes, accompagné de son disciple Damis. Hôte du roi de Taxila Phraotes, Apollonius assista à un dîner dont certains faits marquants furent rapportés pas Damis :

« Le roi est couché sur un lit, et auprès de lui se tiennent de ses parents, cinq au plus ; tous les autres invités mangent assis. Au milieu est dressée une table comme un autel. […] On y sert des poissons, de la volaille, des lions entiers, des chèvres, des porcs, des jambons de tigre : les Indiens ne mangent pas les autres parties de cet animal, parce qu’ils disent qu’en naissant il tend les pattes de devant vers le soleil levant. […] Quand les convives sont rassasiés, on apporte des cratères d’argent et d’or, un pour dix convives, et chacun se baisse pour y boire, comme font les animaux. Pendant que les cratères se vident, les convives se livrent à des jeux pleins d’adresse et de danger. Par exemple un enfant, comme ceux qui dansent sur le théâtre, sauta en l’air en même temps qu’on lançait de son côté une flèche : quand il fut assez loin de terre, il pirouetta au-dessus de la flèche : s’il s’était trompé le moins du monde dans son tour, il était transpercé. Car la flèche était très perçante, et, avant de la lancer, l’archer en montrait la pointe aux convives pour les en faire juges. Lancer une flèche avec une fronde, viser un cheveu, tracer avec une flèche le contour de son propre enfant appuyé à une planche, voilà les exercices des Indiens pendant leurs festins, et ils y réussissent même lorsqu’ils sont ivres. »

« Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges » par Philostrate.

Les Kalash coupés du monde ont besoin d’aide : Inondations

Mardi 11 août 2015

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De mémoire d’homme, jamais on n’avait vu de telles inondations et crues dévastatrices. Les routes avalées par endroits, les maisons emportées, les champs dévastés… La vallée de Chitral au nord ouest du Pakistan, pays montagneux et escarpé de l’Hindu Kush, connaît une véritable catastrophe. A l’heure où j’écris ces lignes, on dénombre 32 morts, dont des enfants, plus de 500 maisons emportées et 1000 maisons endommagées. 54% des récoltes détruites de manière irréparable, le bétail décimé…

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Les routes totalement coupées en 38 différents points, 27 ponts sur les axes principaux détruits, coupant du monde plus de la moitié des habitants, c’est-à-dire sans eau, sans nourriture.

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Lire : Chitral witnessed the worse flooding

La situation est particulièrement préoccupante au nord de la ville de Chitral et dans les vallées habitées par les Kalash, un des derniers peuple païen. La solidarité se met en place mais il faut des fonds pour acheter les vivres.

Femmes Kalash attendant les secours

Femmes Kalash attendant les secours

La seule façon de les atteindre pour leur porter secours est à dos d’âne. 900 Kalash de la vallée de Bumburet et 600 dans la vallée de Rumbur.

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Une excellente initiative, locale, est en cours, sans frais de dossier, ni salaires exorbitants puisqu’elle est menée par des bénévoles du cru. Mais ils n’ont pu secourir que 100 familles et ont besoin de plus de fonds.

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Chers lecteurs de France, si vous aussi souhaitez aider à acheter quelques sacs de riz ou de blé pour les Kalash, veuillez me contacter, je vous transmettrai les coordonnées des personnes à contacter. Merci pour eux !

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Shandur Polo Festival. Le plus haut du monde

Jeudi 6 août 2015

Nord Pakistan. Chitral district. Le festival a lieu chaque année au mois de juillet depuis 1936 au col de Shandur à 3738 mètres d’altitude, ce qui lui vaut le titre de festival de polo le plus haut du monde.

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Mais cette année il n’aura pas lieu : D’abord déplacé au mois d’août pour cause de ramadan, il devait avoir lieu les 7, 8 et 9 août. Mais les inondations catastrophiques qui ont touché les vallées de Chitral rendent le col inaccessible.

Pour se consoler, une série de photos prises au festival en 2012 :

Shandur Pass, Pakistan, July 2012 © Sylvie Lasserre

Shandur Pass, Pakistan, July 2012 © Sylvie Lasserre

 

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

 

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

 

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

 

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

 

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

 

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

 

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

Shandur Pass, Pakistan July 2012 © Sylvie Lasserre

Lire aussi : Shandur Polo Festival set to be cancelled

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Disparu depuis 22 ans, le fils unique retrouvé. Pakistan

Mardi 28 juillet 2015

L’histoire est digne d’un roman de Victor Hugo. Mais elle est véridique et se passe au Pakistan. C’est sous le titre  » Un homme retrouve sa famille après 22 ans » que la nouvelle est apparue dans la presse locale.

Disparu depuis 22 ans, le fils unique retrouvé.

Disparu depuis 22 ans, le fils unique retrouvé.

Les faits : Lal Zada, 26 ans, retrouve sa famille après avoir disparu durant 22 ans. Cela se passe à Samar Bagh, un village reculé à une vingtaine de kilomètres de Timergara, le chef-lieu de Lower-Dir dans le nord du Pakistan, et à moins de dix kilomètres de la frontière afghane.

Agé de quatre ans, l’enfant avait été vendu à des bergers afghans de Quetta par un homme pachtoune. « Les bergers me racontaient que j’étais orphelin et que je n’avais pas de parents. J’ai grandi en faisant paître un troupeau de chèvres et de moutons, » a raconté Lal Zada à la presse locale.

C’est grâce à une jirga d’anciens qui, après avoir réussi à persuader les bergers afghans de rendre l’enfant, ramenèrent celui-ci dans son village. Selon la presse, le père, Khan Zarin, a fêté l’événement comme il se doit, et distribué des bonbons aux voisins, mais souhaite faire des tests ADN pour être complètement sûr.

Et moi une foule de questions m’assaillent quant à cette femme, cette mère de neuf filles et d’un garçon, dont le nom n’est mentionné nulle part : Pourquoi a-t-elle quitté ses neuf filles et son mari, n’emmenant avec elle que son fils âgé de quatre ans ? Combien a-t-elle dû souffrir pour en arriver là… Etait-ce une vengeance de ne laisser que des filles à son mari ? De quoi est-elle morte ? A-t-elle été finalement assassinée, comme cela arrive lorsqu’une femme pachtoune quitte le domicile sans autorisation ?

De nombreuses zones de mystère demeurent. Et pourquoi soudain, après vingt-deux ans, les anciens ont-ils enfin tenté de convaincre les bergers de rendre l’enfant ?

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Parution : Pakistan, le pays des déchirures

Vendredi 26 juin 2015

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Longtemps que je n’avais lu un roman aussi palpitant et instructif ! Joël Raffier, qui a vécu de longues années au Pakistan, nous entraîne avec un talent littéraire rare dans une histoire mêlant la fiction à la réalité. Amour, géopolitique, histoire…

Une jeune femme assiste à l’enlèvement de celui qu’elle commençait à aimer dans la fameuse Khyber Pass, à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan. Repartie en France, elle reviendra un an plus tard à Islamabad, à la recherche de traces du disparu. Je vous laisse découvrir la fin de l’histoire…

Le livre est paru en 2013 aux éditions l’Harmattan, qui ont pour politique de ne pas faire de promotion – et l’on sait à quel point la promotion est importante à la sortie d’un livre ! Passé donc inaperçu du grand public.

J’ai eu l’occasion de lire d’autres textes de Joël Raffier qui a vécu en Irak, en Inde et au Pakistan : ses livres sont toujours des bijoux d’écriture et nous emmènent sur les routes inexplorées du Pakistan.

Un seul conseil : précipitez-vous !

Pakistan, le pays des déchirures

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Vague de chaleur au Pakistan : plus de 200 morts

Lundi 22 juin 2015

Je vous le disais dans le post d’hier, Le jeûne de ramadan le pire jamais connu au Pakistan, la vague de chaleur au Pakistan est cruelle. Ajouter à cela le jeûne du ramadan et plus de 15 heures sans boire chaque jour, les conséquences ne se sont pas faites attendre : à Karachi et dans le Sindh, on dénombre déjà plus de 200 morts :

Karachi heatwave death toll nears 200 

Mise à jour le 26 juin : on dénombre plus de mille morts.

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Le jeûne de ramadan le pire jamais connu au Pakistan

Dimanche 21 juin 2015

Les journées les plus longues de l’année et une vague de chaleur inédite pour le mois de juin. Telle est la combinaison défavorable au jeûne de ramadan au Pakistan :

Plus de 15 heures par jour sans boire par des températures allant de 40 à 49 degrés selon les régions, le jeûne de ramadan n’a jamais été aussi difficile au Pakistan que cette année.

Ajouter à cela les coupures d’électricité, lors desquelles ventilateurs et climatiseurs (pour les familles suffisamment riches pour en posséder) cessent de fonctionner. Un véritable calvaire que l’on ne peut supporter qu’allongé toute la journée. D’ailleurs durant la journée, tout est désert, on croirait un pays fantôme. Pas âme qui vive, les seuls que l’on croise, les Chrétiens.

Pourtant, il y en a qui n’ont d’autre choix que de travailler dans de telles conditions, et l’on se demande comment ils tiennent.

Et puis aussi, n’oublions pas les femmes, qui, en fin de journée, alors que la chaleur culmine, doivent préparer le repas d’iftar – pas un simple repas mais un repas de fête, plus long à préparer, donc – dans leur cuisine surchauffée. En manches longues et avec le tchador sur la tête, bien-sûr. Joyeux ramadan !

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Pakistan. Le projet des veuves du tandur s’est bien terminé !

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Chers donatrices, chers donateurs,

Longtemps sans donner de nouvelles alors que le projet est terminé depuis plusieurs mois. Ce n’est pas que celles-ci soient mauvaises, c’est que… je n’ai pas eu (ou pris) le temps de « reporter ». Désolée, mais en voici enfin, et des bonnes… D’emblée, nous pouvons vous dire que le projet a été un succès à 80 % !

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Ce n’est qu’au mois de janvier de cette année que nous avons pu rendre visite aux veuves du projet, faute de temps avant, afin de prendre de leurs nouvelles. Il faut dire qu’elles vivent toutes dans des banlieues éloignées de la capitale Islamabad, et dans des directions opposées. Ajouter à cela le fait que dans ces banlieues, même avec une adresse – si vous avez la chance d’en avoir une -, jamais vous ne trouverez l’endroit. De plus, rares sont les veuves qui possèdent un téléphone portable, et lorsqu’elles en ont un, il est déchargé la plupart du temps. Enfin nombre d’entre elles ne savent pas honorer un rendez-vous. Bref vous l’aurez compris, « reporter » sur le projet a pris beaucoup de temps.

Voici donc comment s’est déroulé le projet :

Après des séries d’interviews conduits en notre domicile – proche du tandur) au mois de février 2014 et au tandur (pour cela nous avons loué les services de deux jeunes femmes pachtounes) en juin 2014, nous avons sélectionné 13 femmes qui nous ont semblé être parmi les plus nécessiteuses, plus une exception, le jeune Amangul, 13 ans, que sa famille envoie tous les soirs au tandur après une dure journée de labeur. Soit au total 14 bénéficiaires du projet pilote. Voir en annexe la liste finale des bénéficiaires.

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Interviews au tandur (ici Amangul est interviewé)

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Interviews au tandur

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Interviews au tandur

Puis mi-mars Shafiq et moi nous sommes absentés deux mois, ce qui a interrompu le projet. Shafiq est rentré au Pakistan tandis que je restai à Paris et le 11 juin dernier, il organisait dans une école (dont il avait réussi, non sans mal, à convaincre la directrice de prêter un local gracieusement pour le projet) un « orientation consultative meeting » d’une journée rassemblant toutes les veuves (toutes ont pu venir car l’école se trouve juste derrière le tandur).

Pour l’occasion, il avait fait réaliser la bannière suivante :

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Voici quelques photos du meeting :

L’équipe est au complet : 13 femmes et Amangul, plus les deux assistantes qui ont conduit les interviews et procèdent à la journée de consultation et orientation.

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Durant la journée de consultation et orientation

Chacune a exprimé ses souhaits. Comme nous étions à une semaine du ramadan, il a donc été prévu pour chaque famille un package de ramadan de 5000 rupees (environ 46 euros). C’est la coutume, pour fêter la fin du ramadan, tous les musulmans doivent se vêtir d’habits neufs. Ce fut donc une petite contribution pour aider ces familles à cette occasion.

La moitié des femmes (6) ont exprimé le souhait de posséder une machine à coudre, quatre autres ont souhaité vendre des tissus (achetés moins chers près de Peshawar, revendus plus chers à Islamabad), une femme a souhaité acheter du matériel pour fabriquer des calottes de prières brodées de perles, une autre femme a souhaité faire du commerce de tissus dans un premier temps afin de pouvoir acheter une chèvre, Amangul a demandé une charrette à bras pour vendre des légumes, enfin, une dernière a demandé à acheter un rickshaw (une de ses connaissances vendait un rickshaw d’occasion).

Shafiq a ensuite procédé aux achats :

– 6 machines à coudre (chacune fournie avec une chaise et une table)

– un Qinjqi (rickshaw) : petit véhicule à moteurs à trois roues qui sert de taxi

– une charrette pour Amangul qui avait émis le souhait de vendre des légumes au bazar

– du matériel pour créer des calottes de prière

– pour 5 veuves des sets de tissus qu’elles sont allées elles-mêmes choisir et acheter (avec l’argent du projet, elles sont allées à Nowshera en transports publics).

Puis Shafiq a organisé dans les locaux de SSP (Social Services Program Pakistan)un training de trois jours pour les veuves qui avaient choisi la machine à coudre pour leur apprendre à s’en servir.

Shafiq a largement reporté sur Facebook, mais comme tout le monde n’a pas Facebook, je reprends ses photos :

10442569_646187928790426_5812744922174514456_nLivraison des machines à coudre et des meubles pour le training.

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Aman Gul (Balu)’s mother along with her kids (she has 8 kids, (Afghan Citizen) visited this morning SSP office and received their cheque of Rs.25,000/-. Aman Gul already ordered a Handcart and will start small business during the holy month of Ramadan. Wishing them all the BEST.

10422094_680543022021583_1381347107041990953_nWidows of the Tandur Project beneficiaries during training.

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Le marchand de machines à coudre explique aux femmes comment s’en servir.

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The beneficiaries while choosing the tissues they want to buy.

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Still, the widows in Nowshera choosing tissue.

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The widows confectioning prayer caps.

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Shafiq handing over keys of the Rickshaw to Shaheda Bibi, a selected beneficiary of the widows of Tandur Project.

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Shafiq giving a check to one widow for buying material to fabricate prayer caps.

Bilan

Une fois les femmes et Amangul équipés, qui de machines à coudre, qui de charrette, qui de rickshaw, qui de tissus, elles ont pu immédiatement démarrer leur entreprise.

Nous leur avons laissé le temps de faire tourner leur « entreprise » et c’est autour d’un chicken biryani dans les locaux de SSP que nous les avons retrouvées, le 25 janvier 2015, pour faire le point avec elles.

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Réunion autour d’un biryani debriefing.

Toutes les veuves n’étaient pas présentes (certaines sont passées le soir ou le lendemain !) Amangul qui avait dit qu’il viendrait, ne s’est pas montré. Voici donc ce qu’il ressort de nos entretiens de ce jour-là :

Laeq Zada : « Je ne vais plus au tandur. Je suis très contente, je n’aimais pas y aller. Maintenant on achète nos rotis. »

Laeq Zada est originaire de Bannu. Elle n’est pas réellement veuve mais c’est pareil son mari est si âgé qu’il ne peut plus rien faire (nombreuses sont les femmes pachtounes qui sont mariées dès leur plus jeune âge à des vieillards). Dans la famille : 3 filles, 2 fils et un vieux mari. 9 personnes dans la famille au total.

Elle a reçu une machine à coudre (plus une chaise, une table et 5000 rupees comme package de ramadan). C’est sa fille, Sohila, 18 ans qui coud des vêtements : shalwar kamiz dupata et vêtements d’enfants. Elle les fait aussi pour sa famille, c’est cela en moins à payer. Elles les vendent. Dans son quartier les gens lui portent le tissu et elle confectionne les habits. Laeq Zada dit ne plus aller au tandur, elle continue à faire des ménages dans une maison.

Laeq Zada a un fils de 35 ans qui ne peut plus travailler depuis un accident (une partie de son os de l’avant-bras manque : elle a porté une radio). Son fils pleure lorsqu’elle part travailler car il est devenu un poids inutile. Elle-même s’est mise à pleurer en racontant cela.

Elle fait payer 250 rupees pour un costume d’adulte, et 100 pour celui d’un enfant. Avec cela nous achetons des denrées alimentaires, des chaussures, des médicaments, dit-elle.

Depuis le début, elle a confectionné 30 costumes d’adulte (7500), 20 d’enfant (2000 rupees). Gains indirects supplémentaires : les vêtements qu’elle fait pour les membres de la famille.

Le projet l’a-t-elle aidée ? C’est juste mais notre vie s’est améliorée depuis le début du projet. Le projet nous a vraiment aidés car parfois mon mari a besoin de médicaments alors je prépare un ou deux ensembles et j’obtiens 500 rupees. Ou encore pour acheter des chaussures.

Que leur faudrait-il encore en plus pour aller encore mieux ? Son fils pourrait vendre par exemple des choses légères, des chaussures en plastique, ou tenir une boutique où elles vendraient les vêtements qu’elles fabriquent. Une location de boutique peut coûter 3000 rupees (28 euros) par mois.

Je ne vais plus au tandur. Je suis très contente, je n’aimais pas y aller. Maintenant on achète nos rotis.

Gul Raj

Gul Raj est veuve. Elle est de Nowshera. A reçu une machine à coudre, une table et une chaise et 5000 rupees de package de ramadan. C’est sa fille, Shahzia Gul, 16 ans, qui coud. Nous gagnons de l’argent avec cela. Elle coud également des galons sur des tchadors et des vêtements qu’elles vendent. (Ces machines sont multi-purpose). Shahzia Gul a obtenu un diplôme de couture d’une autre ONG, Sultana Foundation (avec une note de 90/100 en dress designing). Pendant le ramadan, nous avons gagné 7000 rupees. Récemment j’ai fait 10 à 15 ensembles. Avant je faisais payer 150 rupees par ensemble, maintenant je demande 200 rupees. Elle a porté un set de 3 pièces qu’elle nous montre et qu’elle doit coudre pour le lendemain.

Ce projet nous a aidées mais nous n’avons pas tous les jours des commandes, seulement de temps en temps. Ce n’est pas régulier. Car les gens pauvres ne font pas faire des vêtements tous les jours. De quoi de plus auriez-vous besoin ? J’ai deux autres filles, si chacune pouvait avoir une machine ce serait mieux. Et une charrette pour mon fils. Et moi je fais le ménage dans une maison.

Vous allez toujours au tandur ?

Non !

Les autres rient. Elle n’y va que de temps à autre en fait. Mais elle n’aime pas.

Rokia

Rokia est née à Kunduz. Elle a 5 filles, toutes mariées. Pas de fils, pas de mari.

A quitté Kunduz il y a trente ans. Son mari moudjahidine avait été tué par les Russes pendant la guerre.

A reçu une machine à coudre (une table, une chaise). Mais ne sait pas s’en servir. Une de ses petites-filles essaye d’apprendre. Elle a toujours la machine mais personne ne s’en sert. La machine est trop compliquée. Sa fille a besoin d’un training pour apprendre à s’en servir. Elle dit avoir besoin d’une chèvre (une autre femme du projet a reçu une chèvre). Visiblement, Rokia est physique, aime être dehors. Dit aimer aller au tandur. Elle continue d’y aller. N’a rien obtenu du projet. Elle veut une chèvre (coût d’une chèvre : entre 10000 et 20000 rupees).

Shafiqa

Shafiqa est née en Afghanistan à Kaboul. Deux fils et une fille. Un mari vieux 80 ans et malade. Venue au Pakistan il y a dix ans. On a perdu un fils. Puis on est venus au Pakistan. Je n’ai pas d’autre choix que de venir au tandur.

A reçu une machine à coudre, 5000 rupees cash, une table et une chaise. C’est son fils qui va l’utiliser, pour l’instant il est en formation depuis cinq mois (six mois de formation) chez un tailleur et se sert de la machine. Pour l’instant il fait des shalwar. Mon autre fils n’a pas de NIC (carte d’identité) alors il ne peut pas travailler sinon la police l’attrapera.

De quoi aurait-elle besoin en plus ? Elle fait des ménages et gagne 3000 rupees par mois, et son loyer est de 3000 rupees. Ce projet ne nous a pas aidés encore mais nous aidera bientôt, inshallah.

Anjuman

5 enfants. Mari vieux et sourd, ne fait rien.

A reçu des tissus pour faire des vêtements achetés à Charsada plus le package de ramadan (5000 rupees). Elle les revend à Islamabad (porte à porte…). A déjà accompli 4 cycles, à raison de 4000 rupees par cycle (cela couvre son loyer 3000 rupees et l’école de son fils 1000 rupees). Il lui reste du tissu pour 5 ou 6 costumes à la maison. Heureuse du projet. Ne retourne plus que de temps à autre au tandur.

Gul Bibi

Veuve. 3 filles 2 fils. Née en Afghanistan à Djalalabad

A reçu du matériel pour confectionner des calottes de prière et le package de ramadan 000 rupees) qu’elle vend à Peshawar à un commerçant (55 rupees l’un)

Je ne vais plus au tandur qu’une fois par semaine. En plus ils donnent moins de rotis maintenant.

Mumtaz Begum (vieille femme qui pleurait)

A reçu des tissus achetés à Noshera qu’elle revend. A déjà effectué trois cycles, mais il ne lui reste plus que 9000 rupees (son stock s’amenuise) car elle a dû payer 10000 rupees à sa fille puis un petit-fils est mort, cela lui a coûté à nouveau 10000 rupees.

Amna

Née à Attock, près de Nowshera. A reçu une machine à coudre, une table, une chaise et le package de ramadan. C’est son mari tailleur qui utilise la machine à coudre dans une boutique (il ne travaillait plus faute de matériel). Il est installé avec un autre tailleur et fabrique un ou deux costumes par jour. Il gagne 7000 to 8000 rupees par mois. Il travaille tous les jours mais il reverse un peu au patron de la boutique. Maintenant la vie est beaucoup mieux dit Amna. Elle continue pourtant d’aller au tandur car trop de charges. 2 fils une fille. Et elle nettoye des vêtements elle gagne 1000 rupees (8.5 euros) par mois.

Amangül

Travaille toujours au tandur (il a appris ce métier qu’il semble bien maîtriser). Il y a maintenant été embauché (maintenant il a quinze ans). C’est son frère qui vend des légumes avec la charrette

Shaheeda Bibi

Elle a reçu un rickshaw et le package de ramadan. Nous n’avons pas réussi à la revoir mais aux dernières nouvelles son rickshaw nécessitait réparation.

Nazish est veuve. Elle est née à Malakand Agency.

A reçu le package de ramadan et 23 tissus coûteux (équivalent des 33 tissus de moins bonne qualité que ceux des autres veuves) a Nowshera. Je les ai vendus à Rawalpindi dans mon quartier. Elle a gagné environ 15 000 rupees. Il me reste 3 tissus à la maison. Avec l’argent j’ai acheté un bébé chèvre. Pour qu’elle grandisse et fasse des petits. Elle n’est pas encore adulte.

Khan Begum

Veuve. A reçu des tissus et le package de ramadan. Est passée chez nous en notre absence. Nous ne lui avons pas parlé.

Chez les veuves

En février nous sommes allés visiter la maison de certaines d’entre elles. Elles vivent dans des conditions très précaires, à plusieurs dans une seule pièce et pour des loyers exorbitants (5000 à 6000 rupees pour une pièce où s’entasse une famille entière). (Par soucis de discrétion nous ne dirons pas qui est qui.)

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Deux veuves, dans la maison – pièce unique – de l’une d’elles.

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Jeune veuve, elle a un fils et vit dans deux pièces chez son vieux père avec ses frères et belles-sœurs. Ici avec sa chèvre.

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Cette femme pose avec son mari malade qui a pu reprendre son activité de tailleur grâce au projet (il partage le loyer de cette échoppe avec un autre tailleur).

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Cette jeune fille est fille d’une veuve, c’est elle qui coud tandis que sa mère continue à faire des ménages. Elles vivent dans une pièce unique.

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Cette jeune fille également coud des vêtements à la place de sa mère veuve. Elles sont si pauvres qu’elles ont gardé la table et la chaise (en haut sur l’étagère) pour la dot de la jeune fille.

Conclusion

Nous pouvons dire que le projet a été un succès dans le sens où il a amélioré le quotidien de 80% des 14 familles. Nous aurions pu atteindre 100% si un support avait pu être fourni à certaines veuves, mais compte tenu du budget, ce n’était pas possible.

Il apparaît que toutes ces familles gagneraient à être aidées encore plus car elles restent extrêmement pauvres. Il faudrait pour cela monter un projet dans la continuité de ce projet pilote, de taille plus conséquente afin de pouvoir en aider un plus grand nombre. Pour cela nous devons trouver un financement et c’est ce que nous allons faire, chercher un organisme ou une fondation intéressée pour le financer. Si certains d’entre vous ont des suggestions, merci de nous les communiquer.

Un hommage à Shafiq !

Un hommage spécial à Shafiq qui a consacré beaucoup de son temps et d’énergie, par des chaleurs inhumaines et en sus des projets de sa propre ONG, SSP, afin de mettre en œuvre et mener à bien le projet.

Contreparties

Concernant les contreparties que nous vous avons promises, je dois encore faire le point, tout comptabiliser et les préparer. Cela aussi prend du temps. Nous pensons organiser à Paris une réunion de clôture du projet, ce qui nous donnera l’occasion et le plaisir d’échanger avec vous et de répondre à vos questions. Nous en profiterons alors pour vous remettre directement les contreparties. Et plus tard nous enverrons les leurs à celles et ceux qui ne seraient pas venus.

D’ici là, nous restons à votre dispositions pour répondre à toutes vos questions ou écouter vos suggestions et commentaires !

Un grand merci à toutes et à tous encore pour votre généreuse mobilisation, un grand bravo aussi et en particulier à Shafiq !

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