« Le ciel et la marmite – Avec les femmes chamanes d’Asie centrale » vient de paraître dans la collection Terre Humaine.

J’ai l’immense bonheur de vous annoncer la parution de mon dernier livre, Le ciel et la marmite – Avec les femmes chamanes d’Asie centrale, dans la collection Terre humaine (Plon).

Quatrième de couverture

Nous sommes aux confins de l’Ouzbékistan, au plus fort de l’hiver. Au loin, les sommets enneigés des monts Turkestan. Une rivière à sec, qui sert de piste. Au bord, une ferme, la dernière avant le Tadjikistan. Là vit Mayram, une chamane renommée, dont Sylvie Lasserre a partagé la vie. Quelques années plus tard, de l’autre côté de la frontière, l’auteure se lie d’amitié avec Mavlyuda, une autre chamane réputée.

Dans cette région reculée d’Asie centrale où le chamanisme est empreint d’un important substrat préislamique, Mayram et Mavlyuda guérissent les femmes lors de rituels appelés ko’ch’ au cours desquels d’étranges phénomènes se produisent.

À travers ces rituels qu’elle décrypte, l’auteure partage avec nous émotions et histoires de vie pour un voyage en profondeur dans le fascinant univers de ce rituel chamanique. Au fil des pages s’efface l’incrédulité initiale, tandis qu’une autre vision d’un monde interrogeant en creux les failles de nos sociétés modernes se révèle.

Née au Maroc, docteur en physique, Sylvie Lasserre a quitté une carrière d’ingénieure pour se lancer dans l’écriture, la photographie et le grand reportage. Elle parcourt l’Asie centrale depuis 2004. Diplômée de l’EPHE en anthropologie sociale, elle est membre de la Société asiatique.

La potion magique des peuples türks

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Tadjikistan. Après avoir faire cuire au feu la tête et les pattes du mouton sacrifié, une jeune fille gratte les parties brûlées avant de préparer la soupe qui sera servie à l’issue du rituel chamanique. Copyright Sylvie Lasserre

La première fois que j’ai entendu parler de cette soupe, la kalla-pocha, elle était servie à la fin d’un rituel chamanique auquel j’avais assisté au Tadjikistan. Kalla : la tête, pocha : les pattes. De l’animal sacrifié rien ne se perd : la viande est cuite en ragoût, la tête, les pattes et les abats mijotent en soupe, enfin la peau est récupérée par le chamane. La kalla-pocha est bue par les participants à la fin de la cérémonie.

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Durant le rituel, la patiente remue la kalla-pocha à l’aide d’une louche. Copyright Sylvie Lasserre

La seconde fois que j’ai entendu parler de cette soupe, c’était en Turquie, sur la côte de la mer Egée. Une vieille voisine enrhumée et alitée me demanda de lui rapporter de la ville une soupe kelle paça, précisant que cela lui redonnerait des forces et l’aiderait à guérir. Et quel ne fut mon étonnement lorsque je constatai en effet que de nombreux restaurants vendaient la soupe kelle paça.

Toujours sur la côte égéenne. Récemment, attirée par l’odeur de corne brûlée qui semblait venir de derrière chez moi, je trouvais une voisine accroupie devant un feu qu’elle entretenait. Elle me dit qu’elle préparait une kelle paça. Alors qu’elle grattait les pattes carbonisées d’un mouton, je retrouvai les mêmes gestes que je vis faire par ces femmes au Tadjikistan. Intriguée, je lui demandais quelles étaient les vertus de cette soupe, et elle m’expliqua que c’était bon pour fortifier les os (elle a quatre enfants en bas âge).

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Cette soupe semble être parée de toutes les vertus. J’ignore si c’est fondé ou non mais c’est très probable car les peuples türks n’ont pas leurs pareils dans la connaissance des pouvoirs des aliments.

Renseignements pris, on la consomme aussi en Afghanistan où le kalah wa pacha est une soupe nourrissante qui se consomme généralement le matin et qui est très appréciée des travailleurs de force comme les fermiers et les soldats et même des lutteurs.

Lire aussi : How to eat kalah pacha

Gavriil Ksenofontov, un ethnologue yakoute oublié

Samedi 16 février 2019

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Ksenofontov, avocat et ethnologue yakoute, a laissé peu de traces de son passage sur terre entre 1888 et 1938, à part son ouvrage sur le chamanisme de Sibérie : « Les chamanes de Sibérie et leur tradition orale » dans lequel il rapporte de précieux témoignages.

Victime des purges staliniennes, il sera fusillé en 1938.