Une des choses qui me fascine le plus en Asie centrale ex-soviétique, c’est la cohabitation parfaite entre cultures soviétique et locale.
Cette duplicité entre modernité et tradition, je l’ai fréquemment notée chez mes amis, qui passent allègrement – enfin… apparemment – de l’une à l’autre. Point de schizophrénie mais une dualité parfaite. Chacun ici semble savoir faire la part des choses. Même si cela leur pose quelques problèmes d’identité parfois… (mais ceci pourrait faire l’objet d’une note ultérieure).
Au conservatoire de Tashkent j’en eus l’illustration la plus manifeste une après-midi de juin, me promenant dans les couloirs de cet édifice à l’architecture idéalement vouée à la musique.
Hall d’entrée du conservatoire.
Par les portes ouvertes, se mêlaient et sublimaient les accents d’orient et d’occident. Ici un concerto joué par un virtuose en herbe, là un moqam…
Orient / Occident… Occident / Orient… cohabitant merveilleusement… se mettant l’un l’autre en valeur sans se détruire – bien au contraire – et… ce fut… magique…
Ô comme j’eus aimé rester là longtemps… Me revinrent à l’esprit les mots d’une de mes professeurs de chant : » Nous, les musiciens, nous ne connaissons pas les frontières ! Partout dans le monde, nous pouvons nous comprendre. La musique est notre langue commune ! »
Les salles de musiques du conservatoire.
1989… Rostropovitch, venu saluer l’ouverture du mur de Berlin. Seul, avec Bach et son violoncelle… « Willkommen im West-Berlin… » Emouvants moments. Amour, allégresse, fraternité.
Deux ans plus tard, c’est le tour de l’empire soviétique. 1991 et les indépendances…
Mais revenons à nos moutons.
Là, plus que jamais, dans les couloirs de ce conservatoire, j’ai ressenti combien ma professeur avait raison.
Mais écoutez donc, plutôt : tashkconservat1.mp3
C’est moi ou le tout premier morceau que l’on attend …, c’est le thème du Parrain si je ne me trompe ? Excellant !
++
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« Cette cohabitation m’avait marqué aussi! Au conservatoire de Dushanbe, on entendait aussi bien du Gejak et du tar que des études de Chopin ou des sonates de Beethoven au piano. L’URSS avait réussi à donné un socle culturel commun… Mais à présent les écoles de musiques et les théâtres ferment dans les villes secondaires… »
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Et où on aurait pu parler des fleurs offertes à la fin des concerts (clin do’eil à un post précédent), des robes magnifiques des concertistes, du silence du public devant la technicité des musiciens et musiciennes de ce Conservatoire, que j’ai eu la chance de visiter.
Preuve irréfutable du respect de l’URSS pour les traditions culturelles locales qu’elles ont aidé à préserver, tout en apportant leur propre influence académique au charme désuet pour nous autres Européens.
Ceci dit, je ne serai pas surpris qu’on connaîsse surement mieux la musique classique à Tashkent qu’à Paris.
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Bien observé : c est d ailleurs pour ça que ça s’appelle l’Asie centrale qui est un carrefour des civilisations depuis au moins Marco Polo……..et comme dit l’autre, l’est restée………..
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……Euh…….La prise de son pourrait être ajoutée comme matière technique dans les conservatoires de musique…………!
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hihi !! J’acquiesce ! Mea culpa : je n’avais pas prévu d’exploiter ce son 🙂
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Bravo et merci pour ce « dépaysement » musical!
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La cohabitation entre l’héritage de l’union soviétique et la culture d’asie centrale je l’ai vécue aussi lors des repas de nos hotes professeurs d’Ouzbekistan. Le repas commençait par une prière -sorte de benedicite muluman- à laquelle on devait s’associer et continuait par la vodka, non balayée par la dérussification du pays.
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